
Le modérateur, Victor Oladokun, aux côtés des intervenants Mame Omar Diop, représentant de l’UNESCO en Côte d’Ivoire, Obiageli « Obi » Ezekwesili, ancienne ministre nigériane de l’Éducation, Mehdi Jomaa, ancien Premier ministre tunisien, Julia Duncan, directrice mondiale du financement du développement chez Bayer, et Pren-Tsilya Boa-Guehe, cheffe des institutions panafricaines, affaires gouvernementales et politiques publiques chez Google, lors de l’événement parallèle de haut niveau sur la transformation numérique au service de la croissance inclusive et de la gouvernance pendant les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement. Abidjan, le 27 mai 2025.
Les agriculteurs africains qui adoptent les outils numériques voient leurs revenus augmenter de 40 à 45 % par an.
Les plateformes numériques catalysent d’importants marqueurs de développement en Afrique, notamment en permettant aux petits exploitants agricoles d’accéder à des conseils agronomiques et financiers ainsi qu’aux marchés, a-t-on appris lors d’une table ronde organisée lors des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement.
Par ailleurs, la numérisation des systèmes du secteur public africain pourrait générer jusqu’à 687 milliards de dollars de recettes supplémentaires sur le continent, a souligné Kevin Urama, économiste en chef et vice-président du Groupe de la Banque africaine de développement chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances.
M. Urama s’exprimait, mardi 27 mai, lors d’un événement parallèle de haut niveau coorganisé avec le Club de Madrid dans le cadre des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque à Abidjan. Il a précisé que la numérisation des systèmes fiscaux pourrait à elle seule générer jusqu’à 125 milliards de dollars, sans augmentation des taux d’imposition.
Cette session, organisée sur le thème « Bâtir l’avenir économique de l’Afrique : la transformation numérique au service de la croissance inclusive et de la gouvernance », a réuni des dirigeants des secteurs public et privé afin de discuter de la manière dont les technologies numériques peuvent accélérer la transformation économique inclusive en Afrique.
La table ronde, animée par Victor Oladokun, conseiller principal du président du Groupe de la Banque pour la communication et l’engagement des parties prenantes, a vu la participation des intervenants suivants : Mehdi Jomaa, ancien Premier ministre de la Tunisie et membre du Club de Madrid ;v Julia Duncan, directrice mondiale du financement du développement chez Bayer ; Obiageli « Obi » Ezekwesili, ancienne vice-présidente à la Banque mondiale et ancienne ministre nigériane de l’Éducation ; Mame Omar Diop, chef du bureau de l’UNESCO à Abidjan et représentant pour la Côte d’Ivoire ; et Pren-Tsilya Boa-Guehe, cheffe des institutions panafricaines, affaires gouvernementales et politiques publiques chez Google.
Les intervenants ont souligné le potentiel transformateur des technologies numériques dans tous les secteurs. Julia Duncan, de Bayer, a fait remarquer que les agriculteurs qui adoptent des outils numériques voient leurs revenus augmenter de 40 à 45 % par an. « Les plateformes numériques permettent aux petits exploitants agricoles d’accéder à des conseils agronomiques, à des conseils financiers, et aux marchés », a-t-elle assuré.
« Notre continent a raté les révolutions agricole et industrielle. Mais s’il y a une révolution que nous ne raterons pas, c’est bien celle du numérique », a affirmé Mme Ezekwesili. « Nous ne nous contentons pas d’y participer, nous montrons également que nous pouvons faire partie des systèmes de production qui la portent. »
Mme Boa-Guehe a fait écho à ces propos. « L’Afrique n’est pas loin derrière le reste du monde en matière d’intelligence artificielle, car l’IA en est à ses débuts à l’échelle mondiale, mais nous devons agir rapidement ». Elle a mis également en avant une initiative de « bac à sable » pour l’IA qui sera bientôt lancée par le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), visant à favoriser l’innovation grâce à la collaboration entre les décideurs politiques, les start-up et le secteur privé au sein de cadres réglementaires solides.
Mme Ezekwesili a insisté sur l’urgence d’une réforme de l’éducation pour soutenir les ambitions numériques de l’Afrique. « Neuf enfants africains sur dix n’ont pas accès à une alphabétisation de base. Le système les laisse tomber. Si nous voulons être à la pointe de la révolution numérique, nous devons commencer par repenser la formation des enseignants, les méthodes d’enseignement et les programmes scolaires, en utilisant des approches fondées sur des données factuelles », a-t-elle appelé.
L’ancien Premier ministre tunisien, Mehdi Jomaa a mise en exergue l’importance d’un leadership politique fort, attribuant le succès numérique de la Tunisie à une volonté politique forte et à une stratégie de réforme claire, centrée sur le Plan Tunisie Numérique 2020. « Pour nous, le numérique ne se résume pas à la croissance économique, c’est aussi une question de réforme institutionnelle et d’efficacité de la gouvernance », a-t-il déclaré. « L’éducation est le facteur clé de notre réussite numérique en Tunisie. »
Mame Omar Diop a relevé que l’Afrique ne représente actuellement que 2,5 % du marché mondial de l’IA, évalué à plus de 130 milliards de dollars en 2023 et anticipé à 1 900 milliards de dollars d’ici à 2030. Soulignant l’importance d’intégrer des considérations éthiques — lutte contre les préjugés et transparence — dans la conception des systèmes d’IA, il a rappelé que l’UNESCO avait piloté l’élaboration de la seule norme mondiale visant à garantir que les systèmes d’IA respectent les droits humains et les libertés.
Mme Boa-Guehe a conclu en insistant sur l’importance des institutions continentales : « Pour que le secteur privé puisse déployer des solutions numériques à grande échelle en Afrique, il a besoin d’un ancrage institutionnel solide. L’Union africaine et la Banque africaine de développement ont le pouvoir de mobilisation et la crédibilité nécessaires pour mener cette transformation. »
Contact:
Tolu Ogunlesi, Département de la communication et des relations extérieures, Banque africaine de développement ; Courriel : [email protected]