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Intelligence artificielle : l’Afrique s’empare du sujet
À l’heure où ChatGPT s’apprête à bouleverser notre quotidien, la course mondiale à l’innovation s’accélère. Dans la géographie mondiale de l’intelligence artificielle, les principales avancées proviennent des États-Unis, de Chine et d’Europe. Pour autant, le continent africain se mobilise pour rejoindre la course et embrasser la quatrième révolution industrielle. Exemple à Dakar avec BAAMTU, une entreprise spécialisée dans l’ingénierie logicielle, les mégadonnées et l’intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle comme levier de progrès et de croissance
Impossible d’y échapper ! Développé par la société OpenAI à San Francisco, le robot conversationnel (ou chatbot) ChatGPT est sur toutes les lèvres. Développé sur la base d’un vaste corpus documentaire, ChatGPT est capable d’entretenir un dialogue avec son interlocuteur, de répondre aux questions qu’on lui pose, de produire des lignes de codes informatiques ou encore de générer du contenu pertinent sur n’importe quel sujet. Très convaincante, cette intelligence artificielle intéresse un nombre croissant d’entreprises et les projets foisonnent à travers le monde.
De plus en plus connecté, le continent africain entend bien tirer son épingle du jeu. Au Sénégal, les initiatives se multiplient et de nouvelles applications se développent, comme en témoigne Mayoro Diagne, Directeur des opérations de l’entreprise BAAMTU à Dakar : « Les langues africaines sont mal représentées sur Internet. Avec les chatbots, nous fournissons des systèmes conversationnels sur mesure et dans n’importe quelle langue. Nous améliorons ainsi les moyens de traduction et facilitons l’accès à l’information pour tous ».
D’autres problématiques spécifiques au continent africain sont en passe d’être résolues grâce à l’intelligence artificielle. Derguene Mbaye, ingénieur de recherche au sein de BAAMTU, explique : « Dans le domaine de la télémédecine, les chatbots aident à orienter les personnes dans leur parcours de soin. À la demande du Ministère de la santé, nous avons mis au point une technologie d’autodiagnostic de l’hémophilie, accessible sur smartphone ».
L’entreprise dakaroise s’empare également de l’intelligence artificielle pour accélérer la transformation numérique de l’administration centrale. M. Mbaye précise encore : « Avec la reconnaissance optique des caractères ou des images, l’intelligence artificielle peut facilement compiler des données et automatiser des tâches. Elle est donc une alternative au papier, dans un contexte où beaucoup de citoyens ont du mal à retrouver leur état civil ».
L’expertise africaine sur la scène internationale
Agriculture, éducation, sécurité, santé, commerce… l’intelligence artificielle pénètre progressivement toutes les sphères du quotidien. Selon M. Diagne, « de nouveaux métiers se préparent. On assiste d’ailleurs à l’émergence de nouveaux établissements de formation au Sénégal, tandis que les entreprises locales sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à la science des données et à vouloir tirer parti de l’intelligence artificielle. L’Afrique est en train de faire un bond en avant et de construire un modèle adapté à ses propres défis, en cohérence avec les attentes de ses populations ».
Cette effervescence suscite beaucoup d’intérêt et d’interrogations, d’où la nécessité de multiplier des prises de parole. Accompagnés par le projet NTF V du Centre du commerce international, les représentants de l’entreprise BAAMTU ont animé une conférence en février dernier au Salon international des professionnels de l’économie numérique (SIPEN) de Dakar. Ce fut l’occasion pour l’entreprise sénégalaise d’exposer son expertise en matière d’intelligence artificielle et de présenter son chatbot conversationnel.
Depuis son intervention, BAAMTU a été approchée par de nouveaux partenaires et poursuit son expansion à traverses ses filiales, notamment au Nigéria. « Le positionnement de BAAMTU est de saisir l’opportunité de l’intelligence artificielle pour faire en sorte qu’elle génère un impact humain positif. À l’image de la start-up tunisienne InstaDeep, qui vient d’être rachetée par le laboratoire allemand BioNtech, nous sommes convaincus que l’expertise africaine en matière d’intelligence artificielle a des atouts à faire valoir à l’international », conclut M. Mbaye.
La phase V du programme Netherlands Trust Fund V (NTF) (juillet 2021 à juin 2025) repose sur un partenariat entre le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas et le Centre du commerce international (ITC). Le programme appuie les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) dans les secteurs des technologies numériques et de l’agroalimentaire au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, au Mali, au Sénégal et en Ouganda. Son ambition est multiple : contribuer à une transformation inclusive et durable des systèmes alimentaires, en partie grâce à des solutions numériques, stimuler la compétitivité commerciale des start-up technologiques locales à l’international, et appuyer la mise en œuvre de la stratégie d’exportation des entreprises d’externalisation des processus informatiques et commerciaux.
- -ACSIS
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