Le monde numérique ne fait pas de pause. Il évolue, et vite. Ceux qui ne s'adaptent pas risquent d'être vite dépassés. Pour le Groupe de la Banque mondiale, évoluer n'est pas seulement un enjeu, c'est un devoir. 

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, là où cette évolution peut être déterminante pour la création d'emplois, la croissance économique et l'amélioration des services publics, l'urgence à agir est encore plus pressante. C'est pourquoi nous modifions notre approche du développement numérique afin de mieux répondre à la vitesse et à l'ampleur de la transformation en cours.

Il y a quelques dizaines d'années à peine, les ordinateurs étaient d'énormes machines qui occupaient une pièce entière dans des services gouvernementaux et des laboratoires de recherche. Aujourd'hui, les superordinateurs tiennent dans notre poche et servent à tout un tas de choses, depuis la banque mobile jusqu'à l'apprentissage à distance. En outre, avec l'intelligence artificielle (IA) qui remodèle les industries et les emplois à un rythme sans précédent, le fossé entre les « nantis » et les « démunis » du monde numérique se creuse de plus en plus. À l'échelle mondiale, 2,6 milliards de personnes sont toujours sans connexion, exclues des possibilités offertes par le numérique. Et un nombre encore plus important ne dispose pas de liaison à haut débit fiable et abordable, pourtant primordiale pour un usage productif et utile à l'ère de l'IA.

Combler ce fossé ne se résume pas à fournir des infrastructures numériques essentielles telles que des câbles internet, des centres de données et des antennes de télécommunications. Nous devons aussi les accompagner de politiques publiques, développer des partenariats et faire entrer davantage d'individus, d'entreprises et d’administrations dans le monde numérique, en veillant à ce que cette transformation profite aux plus vulnérables. Pour y parvenir, nous accélérons le rythme, nous sommes plus agiles et nous nous concentrons davantage sur l'impact dans le monde réel.

De nouvelles approches

Voici quelques exemples de notre action. L'une des mesures les plus marquantes prises par le Groupe de la Banque mondiale a été le lancement du Programme sur les défis mondiaux de l'accélération de la numérisation (a). Avec cette initiative, il s’agit de fédérer et chapeauter diverses activités dans le but de débloquer l'accès à une connectivité internet robuste et de soutenir le déploiement et l'accès à des services numériques à fort impact pour des millions de personnes. Ce programme aide les pays à voir plus grand et à agir plus vite en combinant les solutions publiques et privées. Pour accélérer la numérisation à grande échelle, nous nous appuyons sur trois piliers stratégiques : la programmation, l'infrastructure publique numérique et la collaboration au sein d'un Groupe de la Banque mondiale uni.

Une approche programmatique aide les pays et les régions à amplifier ces efforts en renforçant leur inventivité et en partageant des idées au-delà des frontières, en construisant des marchés numériques intégrés et en bénéficiant d'économies d'échelle. La collaboration avec des entités et des coalitions régionales permet aux États d'adapter les solutions numériques à leurs besoins propres tout en profitant d'une infrastructure partagée et de l'harmonisation réglementaire, ce qui rend la participation du secteur privé plus viable et pérenne. 

Autre pilier essentiel : l'infrastructure publique numérique. À l'instar des routes qui nous relient aux biens et aux marchés, les « autoroutes » numériques relient les personnes à l'emploi, aux services bancaires, aux soins de santé et à l'éducation, et ce grâce à l'identité numérique, aux paiements électroniques et aux plateformes de partage de données. Aujourd'hui, quelque 850 millions de personnes ne disposent pas de pièce d'identité officielle et 3,3 milliards n'ont pas accès aux titres d'identité dématérialisés permettant d'effectuer des transactions en ligne, ce qui limite leur capacité à participer à l'économie numérique. Or, la généralisation de ces outils permettrait aux particuliers et aux entreprises d'accéder de manière sûre et transparente à des services et des débouchés essentiels.

L'approche unie du Groupe de la Banque mondiale est capitale pour progresser dans ces domaines. Le Programme sur les défis mondiaux (a) a pour objet d'attirer des capitaux privés au moyen des prêts et garanties de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et de l'Association internationale de développement (IDA), des financements de la Société financière internationale (IFC) et des solutions de réduction des risques de l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA). Parallèlement, il s'appuiera sur le pouvoir de mobilisation de ces institutions pour susciter des réformes politiques et réglementaires importantes afin de favoriser ces flux de capitaux et d'accélérer l'adoption de services numériques à fort impact. 

Renforcement des partenariats

Les partenariats constituent un autre axe majeur de notre approche de la transformation numérique. Nous savons qu'un développement efficace ne se fait pas en vase clos et qu'une démarche inclusive est essentielle pour réussir. En travaillant avec des institutions multilatérales, des partenaires du développement, des fondations, la société civile, le secteur privé et d'autres groupes et organisations, nous pouvons mieux relever les défis mondiaux, soutenir les biens publics mondiaux et réaliser des objectifs de développement communs.

Notre dernier partenariat en date, mis en avant à l'occasion du Sommet mondial du numérique, illustre le pouvoir de la collaboration. Le nouveau Programme pour l'autonomie et l'équité numériques, lancé dans le cadre du Partenariat pour le développement numérique (a) et avec un financement de la Fondation Gates, vise à accroître fortement la diffusion des connexions, des appareils et des services numériques au sein de la population féminine des pays à revenu faible et intermédiaire. Il s'agit en particulier de développer des connexions internet à un coût abordable pour des millions de femmes et d'améliorer leur accès aux smartphones, aux données mobiles et aux compétences numériques, dans la droite ligne de l'objectif de la Banque mondiale visant à connecter 300 millions de femmes supplémentaires au haut débit d'ici 2030. Fondée sur des données, des éléments probants et des interventions de meilleure qualité, cette initiative illustre la manière dont les partenariats peuvent avoir un impact réel sur la vie des femmes dans le monde entier. 

Capitaliser sur les résultats

Tout en traçant de nouvelles voies et en forgeant de nouvelles relations pour relever les défis de l'ère numérique, nous nous appuierons également sur les leçons du passé. Nous chercherons des moyens d'étendre et de reproduire nos succès obtenus dans des pays comme les Philippines (a), où les réformes soutenues par le Groupe de la Banque mondiale ont stimulé l'investissement privé, accru la concurrence et porté la couverture mobile à 99 % (4G) et 69 % (5G). Au Malawi (a), plus de 83 000 étudiants dans plus de 80 établissements peuvent désormais tirer profit d'une connexion internet abordable et fiable. Le développement du Wi-Fi gratuit dans les lieux publics — bureaux de poste, hôpitaux, bibliothèques, marchés et aéroports notamment — bénéficie aussi à un nombre sans précédent de personnes. Nous intensifions également nos efforts dans d'autres secteurs, comme à Madagascar (a) où un projet fait tomber des barrières en testant des modèles de services énergétiques numériques et hors réseau dans les régions rurales.    

Le monde numérique ne ralentit pas sa marche, et nous non plus. En faisant évoluer nos méthodes de travail, en forgeant de nouveaux partenariats et en nous appuyant sur des résultats solides, nous ne nous contentons pas de suivre le rythme : nous façonnons un avenir numérique plus inclusif. Le moment est venu de voir plus grand, d'agir plus vite et de travailler ensemble afin d'ouvrir des voies numériques pour tous. Continuons à aller de l'avant.