Un délégué écoute la discussion sur la résilience numérique de l’Afrique le 25 mai 2022.
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Assemblées annuelles 2022 : Un smartphone à 20 dollars pourrait déclencher le boom de la téléphonie mobile en Afrique. Des experts proposent cette solution et d’autres solutions numériques au cours d’une table ronde

La Banque africaine de développement a réuni un panel d’experts issus de l’industrie, des pouvoirs publics et de la communauté des investisseurs afin de définir les actions clés qui permettront à l’Afrique d’offrir un avenir numérique transformateur à ses populations.

Organisée en marge des Assemblées annuelles de la Banque à Accra, au Ghana, la session a porté sur la construction d’économies numériques résilientes en Afrique. Les participants ont évoqué la nécessité de disposer de réseaux à haut débit résilients et de stimuler l’innovation et l’esprit d’entreprise pour développer un écosystème numérique prospère.

Ralph Mupita, PDG du groupe MTN, le plus grand opérateur de télécommunications d’Afrique, a souligné les progrès rapides de la connectivité sur le continent : près de la moitié de la population possède sa propre carte SIM et plus de 20 % ont accès à l’internet. Pourtant, « l’accès au haut débit pour l’ensemble de l’Afrique d’ici à 2030 coûtera au moins 100 milliards de dollars », a-t-il averti, ajoutant que pour rendre la technologie mobile abordable pour tous, l’Afrique a besoin d’un smartphone à 20 dollars.

L’impact transformationnel des plateformes numériques pourrait révolutionner des secteurs entiers de l’économie, en particulier lorsqu’il est appliqué aux chaînes de valeur existantes, a prédit Tidjane Dème, associé de la société de capital-risque Partech. Les investissements dans le numérique en Afrique sont passés de 360 millions de dollars en 2016 à 5,2 milliards de dollars en 2020, a-t-il indiqué.

Les experts ont reconnu des interdépendances au sein du secteur du numérique. Par exemple, la construction d’une infrastructure numérique nécessite des compétences dans le domaine du numérique et de l’entrepreneuriat. Pour tirer le maximum de valeur du secteur, les gouvernements et le secteur privé doivent considérer l’écosystème dans son ensemble, ont-ils dit.

Au Cabo Verde, un investissement de 31 millions d’euros de la Banque africaine de développement permet au gouvernement de construire un parc technologique de classe internationale, offrant aux entrepreneurs du numérique un espace pour innover et apprendre, bénéficiant d’une connectivité supérieure. « Notre objectif est de faire du Cabo Verde le premier pôle numérique et la porte d’entrée en Afrique de l’ouest », a déclaré le ministre des Finances du Cabo Verde, Olavo Correia.

Omobola Johnson, associée principale de la société de capital-risque TLcom et ancienne présidente de Alliance for Affordable Internet, a souligné la jeunesse de la population africaine et son avantage démographique. Selon elle, si les compétences sont enseignées et si une connectivité de qualité, au moins au niveau de la 4G, est largement accessible, un vivier de talents parmi les jeunes du continent pourrait stimuler l’économie numérique africaine et attirer les investissements.

Monique Ntumngia, fondatrice de Green Girls, est un exemple d’innovatrice numérique. Utilisant l’intelligence artificielle pour favoriser le déploiement de dispositifs d’énergie renouvelable, son objectif est de faire en sorte que les femmes et les communautés rurales ne soient pas laissées pour compte. « Nous devons aller au-delà de la simple offre de services numériques à ces groupes démographiques ; nous avons la responsabilité de donner aux femmes et à nos communautés rurales les compétences de base pour interagir avec le monde numérique », a déclaré Mme Ntumngia.

Wael Elkabbany, directeur général de Microsoft Africa Transformation Office, a reconnu qu’il restait encore beaucoup à faire. L’Afrique a besoin de 700 nouveaux centres de données pour répondre à sa demande croissante en matière de données. Les gouvernements et les communautés économiques régionales pourraient offrir des opportunités d’investissement à grande échelle, grâce à l’adoption de politiques harmonisées soutenant la libre circulation des données.

Pour sa part, Alain Ebobissé, PDG du fonds d’investissement dans les infrastructures Africa50, a noté le potentiel inexploité du recyclage des actifs – par lequel les gouvernements pourraient libérer des capitaux pour de futurs investissements dans les infrastructures en faisant appel au secteur privé en tant que partenaires dans la gestion et la propriété des actifs existants. « C’est maintenant qu’il faut investir. Nous devons investir plus rapidement et à grande échelle », a-t-il insisté.

L’un des thèmes des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement est le renforcement de la résilience climatique et Juha Savolainen, du ministère finlandais des Affaires étrangères, a mis l’accent sur l’économie circulaire, où les plateformes numériques ont joué un rôle fondamental dans le développement de chaînes de valeur qui réutilisent les composants, créant une efficacité des ressources et réduisant les empreintes carbone.

Pour clore le débat, Solomon Quaynor, vice-président chargé du Secteur privé, des Infrastructures et de l’Industrialisation au sein du Groupe de la Banque africaine de développement, a cité un récent projet d’investissement de 170 millions de dollars dans les industries numériques et créatives du Nigéria. Le projet vise à créer jusqu’à 850 000 emplois directs et indirects, dans le cadre des efforts du Nigéria pour créer des emplois plus durables pour la population jeune qui est en pleine expansion.


The officials on stage during the Annual Meetings: Knowledge Event 1

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